2021 - question de droit
Réponse : Les paroles à oublier sont souvent inoubliables à cause qu'elles heurtent le bon entendement...
J’ai beau savoir qu’inévitablement il y aura toujours quelques mécontents parmi les milliers de « Bleausards » dès lors que l’on crée un nouveau circuit ou que l’on reprend un circuit usé ou abandonné, je suis quand même déconcerté lorsque je vois à quel point un individu peut vous être hostile à cause de ça. Car il faut entendre comment certains vous parlent, il faut voir comment certains vous écrivent. Ça paraît exagéré, pourtant l’autre jour alors que j'étais à la Roche aux Sabots avec mon ami Philippe en train de revoir notre vieux projet de circuit jaune pour lequel nous venions d’avoir l’accord implicite de créer, d’un coup, je suis tombé sur un géant qui a saisi l'occasion que je sois à portée de voix pour mettre en scène son mépris. En effet, sans prendre la peine de me regarder, sans cesser de grimper comme si l’acte de grimper lui apparaissait plus important que de prendre le temps de penser un peu à la pertinence de ses phrases toutes faites, voilà qu’il me balance des banalités du genre : « Les rochers ne sont pas à toi... Tu n’as pas le droit de transformer les circuits des autres... Moi, quand je serai à la retraite, je retracerai les circuits comme ils étaient dans les topos… ».
Bref, cet homme qui visiblement n’en pouvait plus de me voir foutre en l’air depuis des années des pages entières de son topo, me servait les mêmes « vérités » en apparence indiscutables, en somme intelligentes que j’ai eu l’occasion de recevoir six ans plus tôt suite à la création de l’orange dans ce même site (1). Je sais bien qu’on ne peut pas convaincre tout le monde mais que voulez-vous je n’ai pu me retenir de dire que je voulais bien en débattre ! Mais sa réponse a été sans appel comme on dit : « Je ne veux pas débattre avec toi… Je te conseille même d’aller plus loin… Je veux sauver ma séance d’escalade… la finir tranquille… ».
C’est ce que j’ai prudemment fait puisqu'il n’était pas difficile de comprendre l’insinuation malveillante. Ce n’était peut être qu’une tentative de m’intimider. Le pouvant puisqu’il me dépassait d’au moins 20 centimètres et m’apparaissait avoir trente ans de moins que moi, qui compte 67 ans d'ancienneté sur terre. Qu’importe, ces atouts physiques qui favorisent le courage, l’intimidation est une forme de chantage inadmissible. C'est son droit, de penser que nul n’a le droit de changer un circuit créé par un autre (2), que ça équivaut à une appropriation inadmissible des rochers ; ou d'imagine comme ses amis que je m'impose ce travail d'acharné pour rendre obsolètes les topos des concurrents avant d'en sortir un qui serait évidemment à jour, d’où selon lui la légitimité de l’engueulade. Mais en revanche lui, il n’avait pas le droit d’être odieux, vindicatif...
Autrement dit, je n’avais pas à me retrouver brutalement à gérer ce genre de situation pour le moins « injustifiable ». Comme souvent, le mépris est une méprise, formaté par l’ignorance et l’incapacité de la personne à découvrir les contradictions entre le discours et les actes. Et oui, qu’a-t-il fait à part profiter du travail des équipeurs pour grimper, profiter de tous ces gens qui ont œuvré sur des rochers qui ne leur appartenaient pas, que ça soit à Bleau, en falaises ou en montagne ? Qu’est-ce que ça veut dire : « Les rochers ne sont pas à toi... » ? Que faut-il comprendre ? Que tantôt il accorde la permission aux équipeurs de rééquiper une vieille voie qu’ils n’ont pas ouverte sur un rocher qui ne leurs appartient pas parce que ça c’est une aubaine pour lui, et tantôt, parce qu’il n’en a pas besoin, il décrète que des gens comme moi, n’ont pas le droit de reprendre un vieux circuit au nom d’un principe qui d’un coup devient sacré : « Tu n’as pas le droit de transformer les circuits des autres… ». Il est propriétaire de quoi en disant ça ? Car, il faut être propriétaire pour interdire (3)...
En même temps, lorsqu’il m’a entrepris pour me servir « ses vérités » sans cesser de grimper, il était tout bonnement en train de faire les voies d’une piste dont j’ai contribué à la création, il y a très longtemps. En même temps, bien qu’il soit hostile à la reprise des pistes usées, puisque malgré tout les résultats sont là, ça serait idiot de ne pas en profiter.
Néanmoins, l’animosité de ce type que je ne me souviens pas avoir rencontré une seule fois auparavant, m’apprend que je dois être prudent, m’apprend qu’à force d’en faire j’ai dû dépasser un certain seuil de tolérance, m’apprend que je dois cesser toute reprise de circuits, de cesser même d’en créer. Pourtant, deux jours après cette entrevue instructive, je rencontrais cinq femmes d’un âge certain, la plus jeune ayant 68 ans, la doyenne ayant 85 ans… qui tout au contraire du premier, m’ont faire part de leur satisfaction de voir enfin leur terrain de jeu se renouveler. D’ailleurs, à en croire leurs avis, je ne devrais pas me laisser démonter par ce genre de personne, qu’il y en a des comme ça et qu’il faut faire avec… Oui, je ne devrais pas. Je sais depuis longtemps que l’ignorance n’arrange pas les choses. Sans doute que cette personne ne sait pas que nous ne faisons rien sans autorisation et sans l’aide financière du Cosiroc (4) et toujours en présentant nos projets de reprises, bien que les retours soient très rares. Mais j’imagine que cet homme s’en moque de tout ça, que ça ne changera pas ses opinions sur les choses et les gens plus sacrées semble-t-il que la vérité et la tolérance.
Tout le monde le sait que le gestionnaire du terrain est l’ONF et que cette organisation à travers l’œil du Cosiroc a un regard attentif sur nos activités. Ce qui veut dire, car telle est mon impression, que le Cosiroc est « notre patron » à qui nous devons des comptes. Mais, ce que vous ne savez pas, c’est que nous n’avons pas de nom, pas de visage : nous sommes pour eux des numéros plus ou moins drôles. Le mien, et ce n’est pas une blague, est 389. Aussi, ce n’est pas facile pour les gens de voir que nous ne faisons rien sans rien leur dire. Aussi, j’ai fait savoir au staff du Cosiroc que je souhaitais voir sur leur site, puisqu’il est là pour communiquer avec les grimpeurs nous dit-on, un article disant à ceux qui voulaient bien le lire, que c’est une erreur de s’en prendre aux volontaires à la maintenance et préservation des circuits (Qui que ce soi) : que les personnes œuvrant sur le terrain sont mandatées (et donc soutenues !) par le Cosiroc (et donc l'ONF via la convention), pour reprendre les termes sensés de son président. Mais le soutien par son équipe n’est pas venu, comme les divers projets qui ne viennent pas d'eux ne sont jamais présentés à leurs lecteurs. Mais pourquoi le ferait-il, puisque de l’aveu de monsieur Sokolsky dans une de ses chroniques publiées dans la revue : Paris Chamonix : il n’y a pas d’atome crochu entre nous. Impossible car il faut voir comment depuis des années certains vous écrivent : vous disais-je plus haut ! Comme il faut voir ce qu'ils en disent de notre travail de dingue, de notre acharnement... Pas étonnant que de temps à autre, nous rencontrons une personne crispée après nous, quand on leur donne régulièrement à lire que nous sommes dans l'inégalité.
Quelle constance il faut avoir pour être volontaire à la maintenance du terrain de jeu ! Mais comme cela a été écrit par un des membres du staff du Cosiroc, il y a environ un an et demi : Bref, L'avenir des circuits reste à peindre ! Bon, que de sons de cloche différents. Bref, il va falloir que les gens du Cosiroc accordent leurs violons et jouent la même mélodie et cela d'un son clair : c'est urgent.
JJ Naëls, le 25 Juin 2021
1) Voir à ce propos : 2016 - Un jaune aux Sabots.
2) Pas tout n'est question de droit. En l'occurrence sur cette problématique : comme ce n'est pas interdit, la question est de savoir sur quoi repose la permission de faire, si permission il y a ?
3) Les rochers appartiennent à celui qui peut nous en interdire l’accès, pas à ceux qui savent quoi en faire, c’est une évidence !
4) Alors que durant des années, j’autofinançais mes opérations peinture, depuis 2016 justement, je demande systématiquement pour toutes les reprises lourdes comme celles de la Cuisinière, une participation financière du Cosiroc afin d’avoir de quoi « invalider » les reproches venant parfois de son staff : en occurrence celui " de mettre les grimpeurs dans le fait accompli de mes initiatives malheureuses ". En effet, si le Cosiroc finance une partie des frais occasionnés à la reprise d'un circuit abimé, c’est qu’à la fois les gens du bureau ont eu connaissance des projets, puis les ont acceptés après discussion, donc en principe approuvés. Quelle constance il a fallu avoir durant des décennies !